Le ciel qui avait grisonné et le vent qui s’était fait plus cinglant leur avait bien annoncé une tempête, mais la force avec laquelle elle crache et elle souffle a quelque chose de surnaturel dans l’esprit des cinq hommes. Ils se taisent, inquiets, cernés dans leur cabane par un orage d’une rare violence.
– » C’est ce drôle d’oiseau. C’est à cause de lui. «
Ils mâchouillent leurs pipes et se regardent d’un air entendu. Quelques heures plus tôt, ils trouvaient sur l’île un oiseau noir et blanc, assez grand, flanqué de deux moignons d’ailes qui ne lui permettaient pas de s’envoler. Son énorme bec le rendait grotesque aux yeux des cinq compagnons, qui ont bien ri en le capturant.
Maintenant, ils ne rient plus. La bête est enfermée dans une pièce minuscule de la maisonnette, et elle fait un puissant vacarme. Elle crie, se débat, tandis que le bois de la cabane craque et frémit sous la violence de l’orage.
Trois jours. Le vacarme de l’oiseau, le ronflement agressif du vent, la pluie qui s’infiltre partout, pendant trois jours.
– » C’est diabolique, je vous le dis. J’ai jamais vu ça une tempête pareille.
– C’est point l’diable, c’est une sorcière qui s’est cachée sous l’habit d’un oiseau. J’vois pas quoi d’autre pourrait mener un boucan pareil et faire enrager le ciel en même temps. «
Les trois jours ont épuisé les hommes, les ont usés, effrayés, poussés à bout. Convaincus de la culpabilité de l’oiseau, ils l’entraînent dehors dès que le ciel se fait plus clément, et entreprennent son exécution. N’ayant que des bâtons à portée de la main, ils frappent sur la bête à tour de rôle. Elle est vigoureuse, cette bête. Elle mettra plus d’une heure à mourir.
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Je ne suis pas un scientifique de formation mais je lis beaucoup, et je m’intéresse au monde animal, à la géographie, et dans une moindre mesure à la cryptozoologie. A défaut d’être un scientifique au sens strict, on peut très bien proposer des hypothèses basées sur des connaissances acquises en autodidacte.
Pour ma part, le grand pingouin est une espèce candidate pour le terme de » taxon Lazare » pourquoi?
Même si la dernière preuve de vie de cette espèce unique date de 1844, et que 2 ou 3 récits concernant des observations ultérieures ont par la suite été accepté, il n’en demeure pas moins que le Grand Pingouin à moins d’être un oiseau très abondant sur terre ( comme ce fut le cas il y a des centaines d’années ) serait très difficile à observer en cas de petites populations éparses et/où encore d’avantage en cas de zone désormais restreinte choisie comme refuge, lorsqu’il rejoint la terre ferme pour ses besoins de nidifications.
Thése qui expliquerait que l’espèce devenue très rare passe complétement inaperçue :
1) Le grand Pingouin est un animal qui vit la majeure partie de sa vie en mer ne rejoignant la terre ferme que pour la ponte des oeufs.
2) On sait d’après les témoignages de l’époque qu’il choisit des îlots rocailleux souvent difficiles d’accès rendant l’accostage difficile pour les humains.
3) A l’origine, bien qu’appréciant les eaux froides, son aire de répartition est importante dans le monde, surtout si l’on compare à d’autres espèces de volatiles endémique de certaines régions où îles, et elles aussi disparues à l’époque moderne. ( Dodo, Ibis de la Réunion, Moa de Nouvelle Zélande etc…)
4) Il est possible, jusqu’à preuve du contraire, qu’avant la date de son Extinction officielle, certaines zones occupées par de petites colonies de Grand Pingouins soient passées inaperçues, le nombre d’îlots et la longueurs des zones côtières se trouvant dans son aire de répartition étant très importante.
5) L’espèce étant censé être éteinte, il est logique que plus personne ne la recherche, et qu’en cas d’observation fortuite par des pécheurs où des marins actuels elle soit confondue avec d’autres espèces. ( Tout le monde ne connait pas l’existence du grand pingouin )
6) l’oiseau mesure 70cm de hauteur et peut plonger profondément sous l’eau à des kilomètres au large des côtes, c’est donc plus difficile à repérer que des orques ou des baleines.
7) Si des recherches étaient mises en place pour tenter de rechercher des survivants de l’espèce, le coût financier en serait exorbitant et il faudrait des années le temps d’explorer tous les lieux possibles de nidifications ( à condition de le faire au bon moment lorsqu’il n’est pas en mer ) rendant cette entreprise presque impossible.
8) La seule possibilité de tomber sur des survivants serait d’avoir de la chance et d’être au bon endroit au bon moment.
9) Le Pétrel des Bermudes redécouvert en 1951 ( 18 couples nicheurs ), aprés 300 ans d’absence, est un exemple convaincant de la possible survie d’oiseaux marins comme le grand Pingouin.
10) Le grand pingouin en l’état de nos connaissances actuelles, n’est pas un animal territorial, il est susceptible de changer de lieu de nidification régulièrement pour des raisons de nourriture, de danger, etc…ce qui fait qu’en réalité nous ne saurions pas où le chercher mise à part les anciens endroits connus d’où nous l’avons exterminé.