Pour se rappeler d'espèces animales disparues
Posted on octobre 2, 2019 by Suzie Palmer

Depuis les années 1970, l’Amérique du Nord a perdu 25% de sa population d’oiseaux, soit 3 milliards d’individus…
La majorité des pertes se compte parmi les espèces vivant dans les prés et les prairies, comme par exemple: les merles, les chardonnerets, les parulines, les hirondelles, les sturnelles, les bruants, …
Ce déclin est extrêmement inquiétant. Rappelons-nous l’histoire de la tourte… Cet oiseau abondait dans l’Est de l’Amérique du Nord avant de subir un déclin dramatique, et finalement s’éteindre complètement en 1914. Cliquez ici pour lire l’histoire de la tourte.
Ce qui a causé ce déclin de la population n’est pas clair. Les scientifiques manquent d’informations pour dresser un portrait complet de la situation. La perte de l’habitat (extension des terres agricoles et des zones urbaines), semble jouer un rôle.
La plus grande récolte en Amérique du Nord est… le gazon. Toutes ces cours privées gazonnées s’additionnent entre elles pour former 40 millions d’acres aux États-Unis seulement. Pour les entretenir, les américains ont besoin par année d’environ 3 trillions de gallons d’eau, 200 millions de gallons d’essence (pour tondre le gazon), et 70 millions de livres de pesticides.
Ces pelouses peuvent être converties en espaces naturels en y plantant des espèces indigènes de plantes et des arbres. En plus d’aider à la biodiversité locale, cette initiative, une fois installée, demande moins d’entretien que le gazon. Espace pour la vie donne des conseils en ce sens.
D’autres facteurs sont probablement en cause pour expliquer ce déclin inquiétant des oiseaux des champs: le réchauffement climatique et des changements obligatoires dans les habitudes migratoires des oiseaux en sont des exemples. Mais un des principaux facteurs pourrait être l’utilisation des pesticides.
Des chercheurs néerlandais ont démontré qu’il existe un lien entre le déclin des espèces d’oiseaux aux Pays-bas et la présence du pesticide imidacloprid dans les eaux de surface. L’imidacloprid est l’insecticide le plus utilisé au monde. Il affecte les oiseaux en détruisant leurs ressources alimentaires.
Alors que le pesticide est appliqué sur les feuilles des plantes agricoles pour les protéger de certains insectes nuisibles, une partie du pesticide ne reste pas sur les cultures et se retrouve dans le sol et l’eau. C’est là qu’il s’attaque à d’autres insectes, causant la mort d’une large population d’insectes qui sert de garde-manger pour les oiseaux des champs. Les oiseaux souffrant de malnutrition ont moins de chance de survivre et de se reproduire.
Certains oiseaux se nourissent aussi de graines, qui, si elles sont aspergées d’insecticide, peuvent être mortelles.
Ce pesticide est aussi largement utilisé en Amérique du Nord, et pourrait avoir joué un rôle dans le déclin de la population d’oiseaux des champs.
L’organisme DontSprayMe, une organisation de citoyens en Pennsylvanie aux États-Unis, fait la promotion du jardinage naturel et s’oppose aux pesticides et aux herbicides. Ils expliquent qu’ils reçoivent régulièrement des appels de gens qui se demandent pourquoi il n’y a plus d’oiseaux qui viennent dans leurs mangeoires… après avoir appliqué du pesticide sur l’arbre même auquel les mangeoires sont accrochées!
Dans un article sur le blog de l’organisme, Nathaniel explique: « Rien dans la nature n’existe dans le vide. Tout est connecté. Lorsque vous affectez une population, cela a des répercussions sur les populations qui en dépendent et coexistent avec elle. Lorsque vous pulvérisez un insecticide, par exemple, cela ne tue pas uniquement les ‘insectes’ que vous n’aimez pas, mais également tous les insectes, y compris les abeilles domestiques, les papillons et les coccinelles.
De même, lorsque vous pulvérisez, les insectes ne disparaissent pas simplement de la surface de la terre. Beaucoup vivent peu de temps avant de périr. Pendant ce temps, ils peuvent être consommés par les prédateurs naturels, comme les oiseaux chanteurs, les petits mammifères et d’autres insectes. Les pesticides peuvent avoir une toxicité directe sur ces animaux ou s’accumuler dans la graisse ou le sang et causer la maladie ou la mort au fil du temps. »
Outre les oiseaux des prés et des champs, d’autres groupes d’oiseaux vivant dans différents habitats sont touchés par ce déclin.
Plus de 30% des oiseaux de la forêt boréale ont disparus depuis 1970. Les facteurs principaux semblent être la déforestation, la coupe de bois industrielle, les feux de forêt et les changements climatiques.
20% des oiseaux des forêts d’Amérique du Nord ont été perdus. La déforestation, mais aussi la fragmentation des forêts sont des enjeux majeurs. Les causes de ces destructions d’habitat sont la coupe de bois industrielle, les feux de forêt et l’urbanisation. La hausse des températures pourrait jouer un rôle en modifiant la composition de la flore de nos forêts.
Il est possible aussi que plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs soient face à des pertes d’habitat en Amérique centrale ou en Amérique du Sud où ils passent leur hiver. Les scientifiques ont besoin de plus de données pour comprendre comment la migration peut affecter le déclin des espèces.
De nombreux oiseaux font leur nid dans les vastes tundras nord-américaines. La hausse des températures est le principal coupable du déclin des espèces aviaires arctiques. Le dégel du permafrost change la faune et la flore de l’endroit, et les oiseaux migratoires pourraient avoir de la difficulté à synchroniser leur migration avec la disponibilité de la nourriture dont ils ont besoin.
Environ 15% des espèces d’oiseaux vivant dans les milieux arides ont disparu depuis 50 ans. Le développement urbain semble être un facteur important, ainsi que la destruction des habitats causée par l’industrie du pétrole et du gas naturel.
Les données sur la population de ces oiseaux sont trop incomplètes pour tirer un portrait clair de la situation. Toutefois, les changements climatiques qui modifient le niveau de la mer, ainsi que les activités humaines sur les plages semblent jouer un rôle dans le déclin de certaines espèces d’oiseaux qui font leur nid sur les berges.
Également, les rives deviennent de plus en plus des dépotoirs de déchets de plastique, et ces déchets non-compostables semblent s’accumuler au point de sérieusement nuire aux espèces aviaires des rivages.
Ce nombre abhérent de 3 milliards d’oiseaux concerne seulement l’Amérique du Nord. Un déclin a été remarqué aussi ailleurs dans le monde: en France, la population d’oiseaux des champs a diminué de 30%.
À Bruxelles et à Florence, les gens ont commencé à exprimer leur inquiétude face à la découverte croissante d’oiseaux nouveau-nés morts.
L’association de conservation des oiseaux Vogelbescherming Vlaanderen et l’association de jardinage écologique Velt ont mené une enquête à l’aide d’un financement collectif (crowdfunding). Plus de 1000 personnes ont envoyé des nids et des oisillons morts, et leur analyse donne des résultats choquants.
95 nids étudiés contenaient des traces de 36 fongicides, herbicides, insecticides et biocides différents. De plus, des traces de DDT, un insecticide interdit depuis 1974, ont été trouvées dans 89 nids.
« Que le DDT soit encore présent dans l’environnement après toutes ces années, est inquiétant », affirme le communiqué de l’enquête.
De plus amples recherches sont nécessaires pour démontrer un lien clair entre la hausse de mortalité chez les oisillons, et l’utilisation des pesticides.
Pour mieux comprendre le phénomène qui s’attaque à nos oiseaux des champs, des études plus précises sont nécessaires. De plus petites bagues ont été inventées afin de baguer des oiseaux de petite taille pour suivre individuellement leur parcours, et pouvoir mieux comprendre ce qui se passe chez certaines espèces. Les chercheurs ont beaucoup de travail devant eux, et un meilleur portrait de la situation permettrait de cerner avec certitude le ou les « coupables » de ce déclin de population.
Baguage d’oiseau – Photo: helloasso
Le site web 3BillionBirds.org a été créé pour diffuser l’information concernant le déclin de nos oiseaux. Ils suggèrent sept actions simples que les citoyens peuvent entreprendre pour aider à préserver les espèces aviaires.
Category: Nouvelles du monde animal Tags: amérique du nord, destruction de l'habitat, oiseau, perte d'habitat, pesticides
Chaque minute en Amazonie, on déboise l’équivalent de 60 terrains de football. C’est un peu idiot, il n’y aura jamais assez de joueurs.
Copyright © 2025 · All Rights Reserved · Mémorium
Theme: Natural Lite by Organic Themes · RSS Feed
Pingback: Le Dodo - Mémorium